Le tweet (à trumper)

L’inconscient enfin révélé par l’EMI

Freud a lancé la psychologie des profondeurs, creusant à mains nues les abysses de notre terre. En cours de décapage, il est tombé sur une chape de béton et il a calé, abandonné, et l’a appelée « inconscient ». Circulez, au-delà de cette limite, y a rien à voir ni à savoir. Jung l’a imité avec des mains plus robustes. Arrivé à la chape, il décrasse tout autour et renonce tout autant, y mettant quand même sa marque : l’inconscient collectif.

Malheureusement, ils n’avaient pas encore de marteau piqueur. Moi, j’en ai loué un et j’ai détruit la chape de béton. Et qu’ai-je trouvé ? Qu’est-ce qui m’a été donné à voir et savoir, à expérimenter et évidencer ? L’EMI, of course. Et l’OntoCode. Du coup, on voit (presque) tout et on sait tout autant. Pourtant çà fait au moins cinq mille ans que les meilleurs auteurs ont déjà été au-delà (de l’inconscient), bien avant Œdipe même (2500 ans ago). Les voici ces récits fondateurs, aujourd’hui en Inde ancienne et Egypte tout aussi vieille.

Le Mahabharata, le grand poème de la sagesse indienne

 

« Constellation de mythes et de récits merveilleux, cette épopée foisonnante a été chantée dans toute l’Asie du Sud­-Est, des bords du Gange aux temples d’Angkor. Derrière les multiples péripéties qu’elle met en scène, c’est une véritable encyclopédie philosophique et religieuse à laquelle des millions d’Hindous se réfèrent encore aujourd’hui. » (o.c.p.43)

Voici la trame de cette épopée.

« L’intrigue principale voit s’affronter pour la souveraineté sur le royaume mythique de Bha­rat deux clans de cousins : les cent Kaurava, fils de Dhritarashtra, roi aveugle, qui a dû céder la place à son frère cadet Pandu, et les cinq Pandava, à demi divins, fils de Pandu. La naissance de ces guerriers a de quoi émerveiller. Les Kaurava sont issus d’une boule de chair qu’expulse leur mère Gandhari en se frappant le ventre. Cette masse dure comme du fer, arrosée d’eau froide, se divise en cent embryons qui se développent dans cent jarres de beurre clarifié. Tous, menés par l’aîné, Duryodhana, sont des incarnations de puissants démons. Quant aux Pandava, leur père Pandu a tué par erreur un ascète qui avait pris la forme d’une antilope pour ses ébats amoureux ; il faut être cruel pour occire un être à un moment si bon, si désiré par l’homme ! Pour sa malédiction, il ne peut lui-même faire l’amour sans mourir aussitôt. Heureuse­ment, sa femme Kunti a reçu le privilège de demander aux dieux des faveurs : c’est ainsi que le dieu Dharma engendre le premier fils de Pandu, Yudhishthira, roi ver­tueux par excellence. Indra lui- même, la plus grande des divinités, conçoit Arjuna, l’archer infaillible. Trois autres fils naîtront à Pandu.

 

Long comme sept fois l’IIliade et l’Odyssée réunies

Les Kaurava et Pandava gran­dissent ensemble, dans une atmos­phère de plus en plus tendue, où traîtrises, coups bas, mépris du dharma et de la morale de la part des Kaurava vont croissants. Deve­nus adultes, les cinq Pandava, à la suite d’une méprise de leur mère, épousent la même femme, la belle et sage Draupadi. Cas unique de polyandrie dans un récit où la poly­gynie est de règle… Dépossédés de la royauté qui devrait leur reve­nir, ils sont acculés à la guerre. On arrive ainsi au cœur de l’épopée, la grande bataille de dix-huit jours dans la plaine de Kurukshetra qui voit s’affronter et mourir des milliers de kshatriya (guerriers), ne laissant pour uniques survivants, vainqueurs d’une triste victoire, que les Pandava. » (o.c.p.44-45)

 

Nous retrouvons la trace des grands mythes, des principales épopées et de … devinez. Ce qui ressort de ce court résumé, c’est le contenu étrange, merveilleux (malgré les morts), transcendant (au-delà des normes physiologiques) et enseignant. Aussi belle et exaltante soit la condition humaine, il faut se battre. C’est la dialectique. Quant à ses contenus extravagants, ça nous rappelle évidemment la créativité symbolique, quatrième étape de l’EMI.

Puis vient la section plus connue, celle de la Bhâgavad Gita ou Chant du Bienheureux. « À la veille de la grande bataille, Arjuna, le meil­leur des guerriers, flanche. Il voit dans les rangs ennemis ses cou­sins, son maître d’armes… Com­ment aurait-il le cœur de les tuer ? C’est alors qu’intervient Krishna en personne, avatar (incarnation) de Vichnou, le dieu protecteur du monde, qui lui montre son devoir de guerrier : pour sauvegarder le dharma, il doit tuer. Ses hésita­tions ne sont que faiblesse. Mais il peut détacher ses actes de leurs conséquences : certes, son devoir est de faire la guerre, mais s’il n’en attend rien pour lui-même, ni gloire, ni pouvoir, ni richesses, ses actes n’engageront pas son être le plus intime. Il pourra quand même atteindre la délivrance et s’unir à l’absolu. Tour à tour effrayant ou séduisant, Krishna en remontre­rait à Machiavel ! Il va jusqu’à révé­ler à Arjuna les secrets de la trans­migration des âmes pour le faire agir dans le sens qu’il a décidé… c’est-à-dire accomplir les basses besognes de la guerre et verser le sang de ses parents : peu importe le carnage puisque les âmes sont immortelles ».

 

Nous retrouvons la mort à la fois obstacle et porte d’entrée de l’absolu. Nous rencontrons cette mort venant généralement de dehors, par traumatisme. Mais, ici, il faut même la donner, la mort. Cela nous montre qu’il y a encore plus important à savoir, l’immortalité de l’âme. En traduisant dans le langage EMIque (traduit par nous !), nous retrouvons les étranges subversions à accomplir, les cinq. Ici il s’agit même de donner la mort, et de proches. Car c’est au-delà que ça importe, dans l’âme, immortelle.

 

Le livre des morts égyptiens

 

 

Une nouvelle validation de l’EMI

Nous l’avons évoqué à côté du livre des morts tibétain. Voici une présentation fantastique qui vous décline… les cinq étapes de l’EMI, de façon claire et évidente, sans avoir besoin de commenter longuement. (Pascal Vernus in Sciences et Avenir avril-mai 2019 p.6 à 9)

 

« Toute la civilisation pharaonique est fondée sur

la croyance en la survie.

 

Formules magiques, guides illustrés de l’au-delà…

Pour s’assurer, après leur mort, de renaître chaque jour avec Rê, le Soleil, les Égyptiens ont élaboré de multiples stratégies.

 

« Survivre, obstinément… Mais comment?

Schématiquement, il y a trois types de survie. La première est minimale : on espère que de la momie va émaner le ba, la capacité à se mouvoir, représenté comme un oiseau qui volette dans la tombe. Dans une deuxième forme plus élaborée, le défunt parviendra à accéder au royaume souterrain gouverné par Osiris, où il pourra mener une vie agréable et champêtre, cultiver des terres donnant des épis gigantesques… Enfin, il y a la survie solaire, la mort étant conçue comme une métaphore de la nuit : le défunt parcourra nuitamment le trajet souterrain de la barque de Rê, le dieu solaire, et, à l’aube, renaîtra au jour. Les Égyptiens entremêlaient ces trois types de survie. Ils essayaient de jouer sur tous les tableaux ! » (o.c.p.6)

 

Voilà les trois premières étapes qui sont étonnamment les trois premiers mode ontoneuro :

  • « capacité à se mouvoir » ; on sort de « volo»,
  • « vie agréable », mode par défaut, hédonique,
  • « trajet souterrain et… dieu solaire » tunnel noir et lumière jusqu’au mode auto.

Ce texte accompagne l’exposition parisienne sur Toutankhamon. Après le moment nirvanesque, on passe en mode holo où apparaissent les génies et les déesses, les cavernes (obscures) et les portes qui ouvrent sur la clarté. Puis vient le jugement des morts. Et si c’était le fameux panorama de vie ?

 

« Des guides de l’au-delà?

En quelque sorte, oui. Sont ainsi énumérés d’heure en heure les régions que la barque traverse, les ennemis et les mauvais génies qu’il faut écarter d’elle… À la douzième heure, portée par Nout, déesse du ciel, la barque solaire sort de terre. On espère que le mort suivra… Il y a plusieurs de ces textes, très populaires : l’Amdouat, le Livre des portes, Livre des cavernes, etc. Les décors spectaculaires qui ornent les murs de la tombe , de Séthi Ier en font partie.

 

Vous ne citez pas le Livre des morts…

 

À proprement parler, ce n’est pas un livre. Les égyptologues l’ont nommé ainsi alors que le titre égyptien est beaucoup plus clair : Sortir au jour. C’est un ensemble de compositions magiques destinées à aider le trépassé à survivre dans l’au-delà, une compilation de Textes des pyramides et des sarcophages, avec des ajouts. L’un des plus fameux chapitres explique comment, pour entrer dans le royaume d’Osiris, le défunt va devoir subir l’épreuve du jugement des morts. Il doit d’abord réciter quarante-deux formules certifiant qu’il n’a pas violé l’un des quarante-deux interdits. Puis vient la pesée de l’âme : dans la balance que tient Thot, le dieu de la norme et de l’écrit, on place d’un côté le cœur du défunt et de l’autre la Maât, la justice. S’il y a équilibre, l’impétrant accède au royaume d’Osiris. Sinon, un monstre appelé la grande dévoreuse, hybride d’hippopotame, de lion et de crocodile, engloutit le malheureux… » (o.c.p.8)

Voilà qui achève le cycle EMIque avec « l’extase suprême » qu’est l’instant de la mort réelle. A ce beau résumé des contenus, notre auteur ajoute la forme de la transmission puis les pratiques dédiées.

 

« Ces textes obéissent-ils à une structure?

 

Pas toujours. Beaucoup sont des compilations. D’autres montrent une vraie organisation, comme les guides de l’au-delà. Le Livre des morts ne présente une version standardisée que très tardivement. Il n’existe pas de textes « canoniques » comme dans les religions du Livre, c’est-à-dire un corpus dont on ne peut modifier ni les textes, ni leur littéralité. En Égypte, la variation n’est pas conçue comme une agression contre celle-ci mais, au contraire, comme un développement de potentialités déjà inscrites dans le texte. Parfois même, deux versions coexistent bien qu’elles soient contradictoires ! Multiplier les graphies des noms d’un même dieu, c’est ainsi reconnaître que ces variations manifestent les différentes formes sous lesquelles il apparaît. » (o.c.p. 9)

 

J’ai beaucoup de satisfaction à voir dans cette « structure » ce que nous découvrons nous-mêmes dans mon livre. Structure figée ? pas toujours. Ces textes sont plutôt des compilations comme l’est notre propre présentation de l’EMI!  C’est pluriel, ouvert aux variations (polythéistes) et aux polarités. Ces variations manifestent les différentes formes sous lesquelles il apparait. Il, quoi ? L’invariant, Osiris, la mort, la vie après la mort, (l’EMI).

Toute la mythologie égyptienne ne serait donc qu’expérience (issue de mort imminente) et qu’évidence inspirées par l’EMI universel (depuis 5000 ans au moins). La dimension est plurielle et même parfois contradictoire. (J’y aurai donc droit moi aussi à la contradiction, opposant sérieux et humour, science et folie !) Et nous arrivons même (en seulement quatre pages de Pascal Vernus) au sens de cette mythologie, des textes et des pratiques. C’est « performatif », çà agit, rien qu’à lire mon livre ! Et ça passe par les cinq étapes, comme chez les Egyptiens.

 

« La magie semble omniprésente.     

 

Magie et religion participent de la même idée : énoncer, c’est créer. Ce qu’on appelle la performativité du texte. Par exemple, vous dites : « Puisse Untel revivre auprès d’Osiris ! », vous l’écrivez en hiéroglyphes et vous le fixez sur un monument : et cela est censé advenir ! Mais bien entendu la magie peut également être exploitée pour se préserver des piqûres de scorpion ou pour capter l’amour d’une femme ! Il faut dire aussi que le monde, s’il a été créé par le dieu solaire, n’est pas éternel : il retournera au chaos dont il est issu. En outre, le créateur ne l’a pas parachevé mais, dans sa sagesse, a confié cette tâche à ses successeurs – les pharaons. L’histoire telle que l’envisage l’Égypte ancienne, c’est tout simplement le parachèvement de la création. Faire un monument en hiéroglyphes revient à ajouter un prolongement, une accrétion, rendue pertinente par la performativité de l’image et de l’écrit. On ne peut donc pas séparer non plus écriture et religion. » (o.c.p.9)

Tout est dit et écrit. Quant au monde, le créateur nous en confie son achèvement. Collapsologie, collapsopathie, collapsosophie ! Voila l’issue de l’EMI.

On retourne au boulot et l’on applique les ressources actualisées dans ce cycle à la réalité présente. Présence Juste et Pleine Présence pour parachever la création et non pas l’achever.