Actualité
Au-delà de l’espace, du temps et de la causalité la réalité universelle, intemporelle et essentielle
Emmanuel Kant, l’un de nos philosophes fondateurs ; nous a asséné ses trois a priori : l’espace, le temps et la causalité. La civilisation occidentale a acheté et apparemment prospéré sur ces rationalisations, générant fric, flic, clic et crime climatique. Au sein de ce meurtre de la vie se niche aussi la trahison des psys. Faut acquiescer, argumenter, valider avec clinique, statistiques et lapin neuroscientifique. Progrès : ce dernier ne sort plus du chapeau mais de l’IRMf.
L’espace, le temps et la cause, çà cadre, çà structure, çà rend conscient et efficient. Mais on n’a qu’une terre, le temps presse et tout le monde est en cause. Pendant ce temps, dans tout l’espace, çà cause, comme le témoigne Hulot. (Aujourd’hui, 4 septembre 2018, le journal Le Monde publie : « L’appel de 200 personnalités pour sauver la planète : le plus grand défi de l’histoire de l’humanité ».
En face, chez nous, c’est universel, intemporel, essentiel. La révélation EMIque (Expérience de Mort Imminente) concerne les huit et bientôt onze milliards d’humains. Elle nous renvoie à la dynamique, à la dialectique et à la transcendance. Le code ontologique est intemporel : volupté, liberté et vérité. Et ces réalités sont essentielles, expérientielles, hors cause. Elles sont ! That’s it. Mais faut y aller quand même, de blog en blog. En ce début de livraison des textes (le premier quart de notre livre), c’est encore élémentaire, mais de blog en blog, on y arrivera, à ces révélations et révolutions.
Le texte : Psychanalyse Pléni-Intégrative
Les six positions de stabilité structurelle
La pièce maîtresse du modèle développemental est constituée par le concept d’état de stabilité structurelle. La dénomination est empruntée à la théorie des catastrophes de René Thom, un mathématicien français qui a systématisé jusqu’à un certain point les faits complexes. Cette théorie a apporté à la somatologie un cadre de rigueur que nous découvrirons tout de suite. Pour dire les choses plus simplement, il suffit de reconnaître que chaque étape du développement humain se centre sur un état d’être stable qui caractérise cette étape. Par contre, d’une étape à l’autre, s’impose un processus de complexification déjà évoqué, à la fois épreuve et enrichissement, que nous appellerons catastrophe avec René Thom. Dans ce chapitre sur le développement normal, nous verrons que ces passages peuvent s’ajuster plus ou moins harmonieusement, mais nous les appellerons quand même « catastrophes » pour signifier la perturbation qu’ils représentent, à savoir la perturbation de l’état de stabilité antérieur. Mais laissons au contenu de ces étapes le soin d’illustrer ce processus général.
L’homéoesthésie de la bulle primitive
L’être humain commence avec la conception. Le cadre de vie s’y constitue de l’utérus de la mère, de son corps nourricier, de l’ensemble des états bio-physiologiques de celui-ci et de l’enveloppe sonore plus large. Après la naissance, cette bulle primitive se continue par le berceau et la chambre de bébé, par l’autre berceau constitué par les bras et les seins maternels, par le biberon dans la bouche et l’éponge sur les fesses, par les jouets qui traînent alentour et que bébé explore dans sa solitude. C’est cela l’écosystème initial car les humains y participent plus de l’écosystème que d’une relation déjà personnalisée. Cette caractéristique se retrouve dans l’expression des psychanalystes qui parlent du bon sein et du mauvais sein (Mélanie Klein) et de ‘‘donneurs de soins’’(Winnicott).
Ce cadre primitif se présente comme un réfèrent relativement simple, peu compliqué en tout cas. Ce côté rudimentaire permet au petit être, lui aussi rudimentaire, de constituer les premières fonctions, elles-mêmes élémentaires. Si l’anatomie est bien en place, la bio-physiologie accède à la constance des grands équilibres que l’on appelle homéostasie. Il s’agit de faits quantitatifs, ceux-là même que la médecine classique prend en considération. Mais nous, ce sont les constantes qualitatives qui nous intéressent, l’élaboration de ces sensations qui se précisent à l’interface du quantitatif et de l’écosystème. Quand l’un des parents pose sa main sur le ventre gravide, dans un contact haptonomique, le fœtus répond en se déplaçant vers cette main. C’est que l’utérus s’est déjà mis en « eutonie » sous l’effet de ce contact en prolongement, situation que le fœtus commence à « sentir » qualitativement. Les vécus de plaisir et de déplaisir s’installent déjà à travers les états de tension et de détente de l’écosystème utérin.
Le petit être commence à jouer lui-même avec la tension et la détente, le mouvement et le repos, l’éveil et le sommeil. Il met en place des niveaux de sensation différenciés et arrive peu à peu à un niveau optimal de vécu que nous appelons homéoesthésie. La sensation est une réalité aisément définissable par chacun même si elle est difficilement transmissible. Nous pouvons aussi ajouter la dimension psychique qui accompagne ces sensations.
Voilà cette fameuse position de stabilité structurelle, ici dans cette première étape, l’homéoesthésie. Quand le lait calme la faim et rétablit l’homéostasie, l’enfant retrouve son homéoesthésie : il s’apaise, se détend, gazouille, puis s’endort. Un vécu de bon sein s’est constitué qui servira à la gestion ultérieure de l’homéoesthésie. Cet état de stabilité est singulier pour chaque être, donc différent de l’un à l’autre, mais il joue pour chacun le même rôle de structure, de structuration, à cause de sa stabilité même. On peut le retrouver chez l’adulte, comme dans le cas suivant.
Clinique
Gertrude est une infirmière de quarante ans qui vit seule et solitaire. Timide, elle règle ses comptes avec ses collègues de travail dans des affrontements imaginaires, le soir, en rentrant chez elle. Ainsi retrouve-t-elle son homéoesthésie. Chaque soir il lui faut son tricot et une émission télé distrayante pour trouver le calme suffisant à l’endormissement. Elle en est toujours à la bulle primitive et à une homéoesthésie rudimentaire, aussi ne supporte-t-elle personne chez elle, ni homme ni copine. Un soir, des cousins éloignés l’ont emmenée au restaurant dans une ambiance sympathique. En rentrant, Gertrude s’est jetée sur le tricot et sur Michel Drucker pour trouver le calme avant de s’endormir. La présence des cousins était une catastrophe, seuls le tricot et la télé pouvaient induire la stabilité structurelle homéoesthésique.
La fusion de la matrice mère-enfant et l’attachement
Vers un an, le bébé a besoin d’une personne de référence, celle qui est là, la mère le plus souvent, pour développer le nouveau besoin, l’attachement.
Peu à peu, le sein, bon ou mauvais, se prolonge en une personne bien étrange, en une personne qui a son arbitraire, ses caprices et ses besoins. Dans l’utérus, la nourriture venait à jet continu. Dans la niche sénobrachiale, le lait coulait à intervalles réguliers. Mais voici que cette personne qui s’appelle mère vient à temps et à contre-temps, avec trop ou pas assez de nourriture, avec des gestes tendres ou bourrus, une voix mielleuse ou cassante. Pour bébé, c’est la catastrophe, ça le tire de toutes ses jeunes habitudes, ça le dérange dans l’équilibre de ses sensations.
Si la catastrophe est trop brutale, il s’installe un symptôme, du côté du choc ou du stress ; si la catastrophe se répète trop souvent, il se constitue un syndrome spécifique à cet âge-là, par exemple un spasme du pylore. Mais aujourd’hui, ça se passe relativement bien, la mère est suffisamment bonne et bébé, assez présent. Il se fait un ajustement entre les deux personnes. Tout d’un coup, ce petit enfant, habituellement tendu, lâche prise, s’abandonne aux mains qui le prennent, se love entre le sein et le bras, regarde le visage bienveillant et esquisse un sourire. Une nouvelle sensation l’envahit, une sensation pleine, tonique, de tout le corps. Le regard se fait plus insistant ; la niche entre sein et bras devient délicieuse, douce, attrayante. Des gazouillis réagissent aux mots et des rires répondent aux babils. Le bras perd tout relief musculaire et se transforme en un berceau dans lequel bébé s’enfonce voluptueusement. La fusion s’est installée.
A partir de maintenant, la mère n’est plus systématiquement une catastrophe. Elle l’est de moins en moins, même quand elle vient à contre-temps. L’image est déjà là, par anticipation, et la fusion aussi. Le souvenir réussit à neutraliser l’estomac spasmé depuis quelques minutes. Même quand c’est trop tard, le contact du bras et du sein prolongé par un tendre regard rétablit la fusion. Même quand il y a mise à l’épreuve, la récompense tant attendue en annule la pénibilité.
Qu’est-ce qu’est cette fusion ? Nous n’essayerons pas d’ajouter ici une nouvelle description de ce qui a été tellement magnifié par les poètes, les amoureux, les psychanalystes et les chercheurs de la petite enfance. Nous ne pouvons que proposer l’apport du modèle développemental : la fusion est un état de stabilité, bien structuré, étayé sur l’homéoesthésie primitive à laquelle s’adjoint une certaine tension libidinale, tension qui est due précisément à la présence de la partenaire dans cette matrice à deux. Nous pouvons aussi décliner les différents aspects que prend cette fusion dans les trois dimensions qui s’imposent toujours dans l’approche somatologique :
- dans la dimension somatique, nous retrouvons la libido et l’éveil énergétique ;
- dans la dimension relationnelle, s’esquisse la constitution du partenaire humain, de l’autre dans un attachement de plus en plus solide;
- dans la dimension psychique, se fait la connexion de la libido et de l’objet sous la forme de pulsion et de fantasmes qui la déclenchent.
Ce surcroît de tension viscérale, musculaire et mentale, ajouté à la poussée vers l’objet, constitue un véritable travail. Comme l’énergie est limitée et doit se reconstituer, il y a bientôt retour à l’homéoesthésie primitive, dans le sommeil d’abord. Ce retour à la constance est un autre attrait et nous trouvons là la pulsion freudienne de la conservation du moi. La nouvelle énergie libidinale s’intègre à l’homéoesthésie et l’enrichit.
En ajoutant de l’âge à son développement, le petit enfant apprend à gérer son attachement. Il peut entrer dans cette position de stabilité par un simple regard jeté à la mère, par une représentation mentale évoquée, par un câlin provoqué à n’importe quel moment. Lorsqu’il commence à se déplacer, il cherche lui-même ce contact et gère son comportement pour assurer l’équilibre structurel de la relation fusionnelle.
Clinique
Comme thérapeute d’adultes, j’observe cette pulsion dans mes groupes de somatanalyse. Les patients qui y travaillent longtemps passent tôt ou tard par la matrice fusionnelle et cherchent mon contact, mes bras, une étreinte, un bonding. Il le leur faut une à deux fois par week-end. Cela est possible dans le cadre organisationnel de la séance-type. Les deux séquences verbales du début et de la fin de séance offrent chaque fois trois places auprès du thérapeute, l’une par devant dans ses bras et les deux autres par appui de chaque côté. Il s’organise une rotation spontanée, implicite, totalement évidente mais peu apostrophée. Sur les dix-huit participants de l’atelier, les six à huit qui travaillent plus particulièrement dans la matrice fusionnelle organisent ainsi une rotation presque harmonieuse. Cet aspect de la socio-somatanalyse peut paraître incongru et même scandaleux à celui qui n’y accède qu’intellectuellement. Pourtant c’est bien ce qui s’est passé pour tout enfant par rapport aux deux parents et aux frères et sœurs.
La protection de la dynamique de socialisation
Les rationalistes et autres phobiques de l’amour formuleront une autre question. Comment ressort-on de cette matrice fusionnelle ? Eh bien, le plus simplement du monde, comme la quasi totalité des sept milliards d’humains. Le développement de l’enfant continue, ses capacités et besoins augmentent, son champ d’action s’élargit. Il s’aperçoit surtout que la relation à une seule personne est malgré tout aléatoire et risquée, même avec la mère et sa capacité fusionnante. En effet il aura largement expérimenté que cette partenaire n’est pas tellement fiable que cela : elle s’absente, est occupée ailleurs, peut-être déjà avec un autre enfant ; elle a ses préoccupations et ses humeurs et, surtout, un mari ! Quelle que soit la jouissance de son contact, il y a quand même toutes les cuisantes séparations.
Et puis il y a les autres partenaires : le père, les frères et sœurs, la grande famille, les invités, les rencontres lors des promenades. Au début, ils n’étaient que des empêcheurs de fusionner en rond. Peu à peu, ils offrent une présence qui, si elle ne vaut pas l’attachement maternel, pallie agréablement à l’absence de la mère. D’abord ils constituent cette catastrophe qui expulse de la position de stabilité mais, à la longue, ils offrent quelque chose de nouveau qui semble tout aussi intéressant : la sécurité par la protection.
La théorie des catastrophes de René Thom
A l’occasion de ce nouveau cycle de socialisation, référons-nous à René Thom et à son modèle mathématique. Pour ce scientifique, la position de stabilité structurelle se représente comme un jeu de poulie dont le cadre de vie est la roue motrice et le sujet, une seconde roue entrainée par la première.
Schéma 5 : la position de stabilité structurelle
Ici, le sujet a bien une vie propre, une dynamique qui le fait tourner sur lui-même, mais il n’y a pas de mouvement par rapport à sa position. Il reste sur place, il est stable, structuré par le cadre de vie qui est lui-même stable. C’est ainsi que se représente le cœur de chaque étape de développement : l’homéoesthésie dans l’écosystème, l’attachement dans la matrice maternelle, la protection dans la dynamique familiale. Mais, lors des catastrophes transitionnelles, les cadres changent, les cadres conjointement avec le sujet. La vie évolue et dérange de la stabilité antérieure. C’est la catastrophe. René Thom propose ici le modèle de la came.
Schéma 6 : La came ou cycle marqué
Empruntons à Michèle Porte, psychanalyste, la présentation de la came et son application aux concepts psychanalytiques. « Sur la partie non marquée du cycle a lieu une variation continue de la distance au centre de rotation — écart spatial -, et de l’énergie — écart énergétique — (on peut imaginer un tel arbre à cames, entraîné par une roue de moulin dans un courant, et entraînant lui-même des marteaux à foulons, ainsi que l’usage le plus anciennement connu de ce dispositif en offre l’exemple). Sur la partie marquée du cycle, au passage du saut de relaxation, la distance au centre et la teneur en énergie baissent brutalement (la tête du marteau dégringole sur le drap). Le saut de relaxation est une transformation irréversible. La réversibilité est assurée par la répétition du cycle (grâce au courant). Intuitivement, nombre de cycles vitaux paraissent relever d’un schéma de ce genre : cycles alimentaire, du sommeil, respiratoire…
La protection par l’appartenance à la famille
Sécurisés par ce renfort des sciences dures, nous pouvons revenir à l’enfant et à son problème de sécurité. C’est autour de ce thème que s’organisent les troisième et quatrième étapes de la vie, la première promouvant une sécurité passive ou protection et la seconde poussant à une sécurité active ou puissance.
En évoquant la liquidation du complexe d’Œdipe comme image freudienne de cette nouvelle catastrophe et la période de latence comme troisième position de stabilité, nous réveillons des concordances. Mais il faut se rappeler que le concept de latence évoque la mise en sommeil de la sexualité. Pour nous, il annonce l’apaisement que procure la protection donnée par le groupe familial et social.
Car nous entrons de plain-pied dans le troisième cadre de vie, dans le groupe social que la famille représente en premier. Dès qu’il y a trois personnes en présence, on passe de la matrice affective à la dynamique sociale. Les amants ne le savent que trop bien, eux qui font un enfant pour sceller leur fusion et qui se retrouvent dans une véritable dynamique de groupe dès son arrivée. En fait, sans le savoir, ils veulent passer à la taille sociale pour asseoir une sécurité que l’amour seul ne donne pas.
Quant à l’enfant, il doit traverser cette nouvelle catastrophe pour retrouver sa position de stabilité qui est, ici, de sécurité. Pour cela, il doit entrer dans le fonctionnement de la vie familiale, accepter que cette dynamique à plusieurs le dépasse et s’impose à lui, apprendre à en reconnaître les règles, us et coutumes, et enfin gérer son propre comportement en fonction de cette dynamique groupale.
Clinique
C’est seulement à ce prix qu’il accède à la sécurité qui est la raison d’être de tout groupe humain et de toute appartenance à un groupe. Il s’agit d’une sécurité octroyée, passive, sur laquelle l’enfant peut compter du simple fait de son appartenance à ce groupe. L’enfant se sent protégé. Nous n’insisterons pas sur ce vécu bien qu’il soit aussi fondamental que les deux précédents, et bien qu’il ne soit pas aussi magnifié par la psychothérapie, et la psychanalyse en particulier. C’est la raison pour laquelle j’ai mis beaucoup de temps à reconnaître l’importance de ce vécu de protection dans le groupe de somatanalyse. Il y avait toute l’aura du travail émotionnel et de la compréhension analytique. En fait, il y a surtout cette catastrophe groupale à affronter pour y trouver son bien le plus précieux. Tout comme l’enfant, le patient débutant doit d’abord arriver, ouvrir les yeux, tendre les oreilles, jouer de curiosité, pour percer le mode de fonctionnement du groupe, pour percevoir les règles dites et surtout non dites, pour ressentir la culture implicite. Comme l’enfant qui passe plus de temps à établir les règles du jeu qu’à jouer, le patient doit essayer de comprendre la dynamique relationnelle qui sous-tend un échange plus que son contenu. Pis encore, tout comme l’enfant doit expliciter son appartenance au groupe familial, le patient doit montrer patte blanche, faire croire à sa bienveillance, communiquer enfin sa place dans ce groupe.
L’emploi du « il doit » montre la contrainte certaine qui règne dans cette culture de groupe. Ici on ne plaisante plus. C’est l’accommodation ou l’exclusion. La sécurité ne peut pas régner à moins que ça. Par contre un exutoire se met en place, un mode de régulation, l’émotion.
C’est ainsi que j’aime à présenter l’un des aspects majeurs de l’émotion, comme la résultante du conflit qui nait de la rencontre des besoins individuels et des contraintes sociales. Il s’agit chaque fois d’une catastrophe ponctuelle qui doit se résoudre par le vécu émotionnel pour enlever la conflictualité de cette rencontre. Alors peut s’installer le vécu de protection qui est le nouvel état de stabilité structurelle et qui compense avantageusement les contraintes initiales.
L’entrée dans la dynamique familiale pour l’enfant ou dans la dynamique socio-somatanalytique pour le patient nous montre qu’il s’agit d’une espèce d’apprentissage, d’une élaboration, de l’acquisition de réponses aux questions posées par la catastrophe. L’épreuve accouche de savoirs, de savoir-faire, d’habiletés, des fameux « skills » des anglo-saxons. Depuis le début de la somatologie, nous proposons le concept « d’attentionnel » pour désigner ce processus. Ici, nous voyons mieux de quoi il s’agit.
Chaque étape de développement génère un programme de gestion particulier à cette étape, avec un ensemble de « skills » spécifiques. Le vécu de stabilité se décompose en deux parties, en une partie « essentielle » liée aux messages et stimuli du moment et en une partie « attentionnelle » qui comprend les programmes de gestion spécifiques à l’étape. Ce sont ces programmes qui font « structure » et assurent la stabilité du moment alors que les messages, eux, sont instantanés et entraînent une certaine labilité de l’être. D’étape en étape, les programmes de gestion s’additionnent et se cumulent ce qui donne la nouvelle couleur du vécu de chaque étape.
Mais poursuivons cette exploration des positions de stabilité et franchissons une étape importante, d’autant plus importante qu’elle est généralement oubliée par la littérature psychothérapeutique. Il s’agit du passage de la première partie de la vie qui est largement réceptive et passive à la seconde partie qui se caractérise par l’activité et la prise de responsabilités. Freud a marqué ce passage par le meurtre du père et la constitution du groupe social là où les sociétés traditionnelles inscrivaient l’initiation. Il s’agit évidemment de l’accès à la vie adulte.