Actualité

Trump est-il psychotique ?

 

Ma dernière actualité a abordé Trump comme marqueur de la société actuelle. Il incarne le fric, le flic, le clic (tweet) et le climatique. De quoi semer la panique. C’est fait, et personne ne réagit.

Moi aussi j’étais comme médusé et figé. Je pinaillais autour d’un trouble de la personnalité, en clivage évidemment. Eh bien non ! Il est psychotique, en dissociation.

Voila quelques années, j’ai intégré l’écologique dans la psychopathologie. Voici :

 

Les écoloses : les six formes

 

Le concept d’écolose, terme construit comme névrose, psychose ou sociose, regroupe les actes préjudiciables à l’environnement, les attitudes anti-écologiques ainsi que les réactions pathologiques produites par les dégâts écologiques. Les écoloses se déclinent comme les socioses et prennent place à côté d’elles. En effet c’est l’adulte socialisé qui en porte la principale responsabilité. En voici la schématisation sur le modèle ontopathologique puis des illustrations.

Tableau 12 : les six formes d’écolose

 

Ecopsychose : le déni quasi psychotique de la responsabilité humaine dans le changement climatique ; exemple : Georges W. Bush lors de son premier mandat ; (et Trump)

 

Ecopathie : activité délibérée, importante, aux seules fins de profits personnels contre la nature et la planète ; exemple : les capitaines d’industrie et actionnaires hyperpollueurs ;

 

Ecodélinquance : actes bénins et répétitifs préjudicialbes au climat (vous et moi !)

 

Ecophobie : anxiété liée aux menaces du climat ; par exemple le tout récent « syndrome d’hypersensiblité chimique multiple » que des petits malins promeuvent pour récupérer les victimes anxieuses ;

 

Ec’obsession compulsive : comme d’aller se terrer au fin fond des vallées vosgiennes pour échapper à la pollution et de refuser d’enfanter pour ne pas jeter de nouveaux êtres dans la tourmente climatique ;

 

Eco-lancolie : il faut entendre « mélancolie », trouble de l’humeur grave provoquée et stimulée par la fournaise apocalyptique subie réellement ou fantasmée sinon délirée.

 

Est-ce sérieux ? Oui, très ! Et les pointes d’humour qui émaillent ces illustrations sont plutôt noires. Ça ne fait pas rire, au contraire. Il me semble important de pathologiser aussi les manquements envers la planète comme envers la société. Il ne suffit plus de fixer une simple amende à l’écopathe, amende qui n’atteint pas le dixième du bénéfice que tire ce pervers de ses transgressions. Et moi, qui joue à la bourse des valeurs ?

Récapitulons la liste de nos nouveaux malades : écotiques, écopathes, écolinquants, écophobiques, écot.o.c., écolancoliques ! (Meyer 2012, Nouvelles Pathologies Psy, p.266-268)

Quinze jours après la présentation à mes élèves médecins de ce nouveau chapitre de l’ontopathologie, quelqu’un récidive et fait des actes de pollution des péchés, du véniel au mortel. Et c’est qui ? Le pape.

Eh bien, il y est, le Trump, écopsychotique et en péché mortel. En effet, quand on nie l’évidence absolue du changement climatique et l’aggrave de façon criminelle, il s’agit d’un délire chronique et d’une crise maniaque. Çà deviendrait une psychose schizo-affective. Vivement qu’il déprime ! Mais il s’en fout, de l’enfer, comme du four climatoire. Et vous et moi ?

 

LA PSYCHANALYSE PLENI-INTEGRATIVE (suite)

 

L’Hum’un, trois, six, deux

 

Qu’est-ce qu’être Humain ? C’est la question à sept milliards de réponses. Il y a néanmoins des approches possibles et nécessaires, phénoménologiques, purement descriptives et néanmoins opérationnelles. Notre théorème en est une, simple et efficace ;

  • l’humain est un, en soi ;
  • il se situe dans trois positions relationnelles :

en groupe, couple et/ou solo ;

  • et se développe en six étapes de vie ;
  • grâce au changement que permet le jeu des deux pôles, structurel et fonctionnel, opposés et complémentaires.

Cette systématisation de l’être, et même mathématisation, a quelque chose d’évident. Nous tenons néanmoins à l’argumenter : d’abord en la retrouvant dans la métapsychologie freudienne ; ensuite en en faisant la trame de la cure ; finalement en la représentant sur notre modèle structuro-fonctionnel et ses déclinaisons en autant de schémas. Nous avons déjà vu certains tableaux. Nous les trouverons tous au fil des pages. Mais voici son application en séance exploratoire d’un nouveau cas et comme fil conducteur de la cure.

 

Le modèle de la cure

Il faut évoquer un dernier bonheur qui découle de la synthèse des quatre topiques holantropiques. En effet, il restait un problème que me posent mes élèves, celui du fil conducteur de la cure somatanalytique, qu’elle soit groupale ou duelle. Au début, j’écrivais par provocation que la « somatanalyse était une succession de moments primaires ». Il suffisait de faire se répéter ces moments de réajustement pour arriver peu à peu au rééquilibrage final. Cela reste vrai, même si c’est très imprécis. En fait, cela n’est suffisant que pour un psychothérapeute qui a d’autres fils conducteurs, psychanalytiques, reichiens et/ou comportementaux par exemple.

 

Mes élèves se sentaient perdus, jusqu’à ce que les quatre modèles holantropiques viennent combler la grille de lecture somatologique. Celle-ci part de deux apports directs du patient, de son symptôme ou problème actuel et de son histoire personnelle. Elle continue avec les moyens thérapeutiques décrits : les trois cadres somatanalytiques, les deux douzaines de somatothérapies structurées… Il manquait quelque chose entre les deux. Et voici que ça se fait, avec le modèle somatanalytique de la cure.

 

Tableau 13 : Le modèle de la cure en psycho- et socio-somatanalyse et les quatre topiques holantropiques [de (1) à (4)]

 

Ce modèle montre des cheminements possibles, avec beaucoup d’alternatives. Ils sont plusieurs, ce qui laisse de nouveau beaucoup de place aux spécificités individuelles. Ce schéma montre de façon résumée que les deux apports du patient — symptôme et histoire — doivent s’analyser et se travailler dans le cadre des positions de vie et des étapes de vie et qu’ensuite chacune de ces dernières doit s’analyser et se travailler dans ses deux composantes d’unité et de dualité, de stabilité et de changement.

 

L’implication du thérapeute

Il nous reste à évoquer l’autre caractéristique qui fait liaison de la psychanalyse à la somatanalyse : l’implication du thérapeute. Plus encore que le psychanalyste, le somatanalyste s’engage dans la position de vie que reconstitue le cadre thérapeutique. Il n’introduit pas ses particularités personnelles, surtout pas ses pathologies propres, mais il entre dans le rôle social du groupe, dans l’échange affectif de la relation duelle, dans la complicité initiatique en Présence Juste.

Tout thérapeute est sollicité tour à tour dans ces trois rôles et positions. S’il exerce dans un seul cadre thérapeutique, en relation duelle par exemple, la différenciation des trois états relationnels est difficile pour le thérapeute et encore plus pour le client. Nous savons combien la psychanalyse a peiné à trouver la bonne attitude dans la relation transféro-contretransférentielle, hésitant entre son rejet comme artefact ou résistance et son intégration comme creuset thérapeutique, balançant entre sa désignation comme projection venant du passé et amour présent, opposant les tenants de la neutralité et ceux de la gratification réparatrice.

 

Le psycho-somatanalyste et les « débiles affectifs »

Le psycho-somatanalyste se propose comme partenaire réel et favorise la constitution de la matrice affective grâce à l’élargissement de la communication du verbal au visuel et au tactile. Quoiqu’il arrive à l’analysant, ce dernier se manifeste dans son état d’être affectif, en blocage ou surinvestissement, en relation symbiotique ou en clivage, en superposition ou en juxtaposition, lorsque les trois positions s’étayent. La légendaire peur du thérapeute quant à cette dimension relationnelle se règle dans cette gestion des trois positions. Il doit les repérer, les observer puis y rendre attentif et travailler à leur bonne séparation et à leur respect. Le vrai travail commence, à savoir l’approfondissement de l’affectif. En effet, nous sommes des « débiles affectifs » selon la terrible expression d’Ingmar Bergman. Nous avons libéré notre sexualité, notre spiritualité, notre socialité, mais nous balbutions encore au niveau affectif. Pourtant c’est là que la modernité est en train de jouer sa survie, dans le vécu de l’affectif. C’est là que la simplicité du vécu fait retour. En effet, ce n’est pas dans la fournaise de la projection passionnelle que se situe l’affectif mais dans la profondeur d’un être ensemble tendre, calme, admiratif, égalitaire et simple. Dans l’affectif, on ne veut rien que ce qui est dans le cadre de vie établi, ici le cadre thérapeutique. Dans l’affectif, on se met à parler de choses simples, de la vie quotidienne, des soucis du moment, tout comme de la vie et de la mort, de Dieu et de l’univers. L’affectif devient un état d’être ensemble et, quand il est bien établi, il se fait oublier et laisse aller ailleurs, dans le social avec ses problèmes à régler, dans le créatif avec son développement personnel à assurer. Etre dans la matrice affective, c’est tout sauf un problème : c’est d’y arriver qui en est un. Voilà pour le psycho-somatanalyste.

 

Le socio-somatanalyste « supposé pouvoir »

Le socio-somatanalyste s’implique dans la recherche de protection d’une part, de puissance d’autre part. Dans un premier temps, le participant du groupe demande la protection et tend à l’arracher au thérapeute, le transformant en « supposé pouvoir » au-delà du « supposé savoir » (de Lacan). Lorsqu’il a acquis suffisamment de sécurité passive (protection), il développe sa sécurité active (puissance), dans des agressions mimétiques, avant d’acquérir des habiletés personnelles. Le somatanalyste est tour à tour garant de cette sécurité et partenaire pour la construire ensemble. Cette implication sociale se fait en réaction et non en première intention. C’est là que se retrouve la neutralité du thérapeute. Il n’introduit pas son besoin propre. Il répond aux besoins des patients, ce qui suppose un recul certain par rapport à ses tendances personnelles.

 

Directivité et liberté

Ici on peut toucher du doigt ce qui différencie les thérapies directives et les thérapies analytiques. En employant ce dernier mot, je souligne le fait que la méthode analytique freudienne ne doit pas se concevoir comme l’opposé du directif mais comme quelque chose de plus subtil. Un thérapeute directif n’a pas la possibilité de laisser son patient osciller entre le besoin de protection et l’expression de puissance. En dirigeant la cure, en l’orientant selon son intention théorique, il oblige le patient à entrer dans la passivité et lorsqu’il lui demande d’être puissant, il ne lui laisse que la mimésis comme modèle. De nombreuses somatothérapies sont directives et imposent des indications thérapeutiques spécifiques, en particulier du côté de l’abord symptomatique et de l’efficacité rapide, comme le font les thérapies comportementales et cognitives.

La somatanalyse, elle, se retrouve dans le prolongement de la psychanalyse dont nous avons souligné l’apparent non-savoir. Malgré ses aspects très actifs, ses relations très intenses et ses cadres de travail multiples, elle se situe du côté du non-pouvoir. La psychanalyse a choisi de ne pas savoir à la place du patient. La somatanalyse professe qu’elle ne peut pas faire à la place de l’analysant.

 

Le non-pouvoir et le non-savoir

Ce non-pouvoir remet le patient en face de sa liberté et de son authenticité. Il peut choisir la protection ou la puissance, il peut entrer dans la matrice affective ou la refuser, il peut développer sa créativité ou s’en remettre à l’imitation. Le somatanalyste ne peut pas choisir à sa place. Il propose seulement à l’analysant de se situer dans les cadres de vie correspondants, dans les positions de vie justes et réparatrices. La liberté elle-même est mise sous condition, l’authenticité aussi, dans les conditions du cadre de vie choisi. Combien de patients confient qu’ils ne « se sentent pas eux- mêmes » dans le groupe social, dans le couple intime ou dans la solitude. Ils ne seraient eux-mêmes que dans un lieu de vie très précis, avec telle personne, dans tel contexte, à tel niveau d’énergie, et voudraient se retrouver les mêmes dans tous les autres lieux. C’est là une demande de plus en plus fréquente de la modernité. C’est aussi l’erreur de cette même modernité : être soi varie selon les cadres de vie, l’entourage, l’écosystème. Cet acquis des différents « soi » ne se fait qu’à travers un long travail où se sont expérimentés les différents états d’être, profondément, répétitivement. La longueur des cures somatanalytiques découle de cette durée nécessaire.

La liberté est au pouvoir ce que la complexité est au savoir

Elles n’adviennent vraiment qu’en chaque personne singulière. La pratique somatanalytique garantit la première, la recherche somatologique se fonde sur la seconde. Il aura fallu lâcher prise auparavant, lâcher le pouvoir et le savoir. Il n’y a pas eu d’année 1897 pour la somatanalyse, d’écroulement total de la théorie comme pour Freud. A la rigueur, on pourrait parler de l’année où la première génération de somatanalystes a fait bloc contre la somatanalyse. Ils sont partis comme un seul homme pour se soustraire à la mise en place des trois cadres organisationnels, à la conceptualisation de la topique des positions et à l’insistance sur l’analyticité. L’un a retrouvé Reich, l’autre Lowen et un troisième, un avatar du psychodrame. J’ai accepté ce départ, j’ai assuré la différence, j’ai assumé la perte. C’était le prix de la liberté, de la leur et de la mienne. On s’est retrouvés depuis.

 

Chapitre IV

La topique développementale
et les six étapes de vie

Etats de stabilité structurelle
et catastrophes transitionnelles

 

Que l’être humain soit issu du long développement de l’humanité est maintenant une évidence mais ce n’est que depuis peu, depuis Charles Darwin, qu’on l’appelle phylogenèse. Que chaque être humain soit en développement est une autre évidence, c’est ce qu’on appelle ontogenèse. Mais que ce développement ne s’arrête pas à la fin de l’adolescence, est moins évident et ce sera l’un des apports de ce texte de situer les étapes de la vie jusqu’au grand âge sans oublier la mort. L’on ne discutera pas de l’existence du développement de l’être humain, on ne fera que jeter un nouveau regard sur lui, un regard qui observe un long et lent processus de complexification. Avancer en âge, c’est devenir plus complexe. Pour d’aucuns, cette complexité nouvelle est d’abord une complication, une adjonction de fonctions supplémentaires, de règles de fonctionnement multiples, de responsabilités en plus. Il s’agit de nouveautés à programmer, de contraintes à gérer, jusqu’au stress ou au renoncement. Pour les autres, ces adjonctions sont un enrichissement. En fait, elles sont les deux à la fois lorsqu’elles suivent le circuit complet de l’accommodation (adaptation du sujet aux nouveautés) et de l’assimilation (adaptation des nouveautés au sujet) comme le propose Jean Piaget. Cette complexification s’appelle ailleurs hominisation, socialisation, humanisation. Chez les Dogons du Mali, le nouveau-né n’est pas encore homme ou humain quand il sort du ventre maternel, il ne le devient que vers le huitième jour avec la dation du nom par le groupe social : l’humanisation est aussi une socialisation.

Chaque étape du développement est autant une épreuve qu’une nécessité. Voilà le paradoxe. Pour nous qui situons la mère, puis la famille, puis le groupe social, au départ d’autant d’étapes de vie, le paradoxe est criant : la mère est une épreuve pour le nouveau-né stabilisé dans sa bulle primitive, la famille est une épreuve pour le petit enfant structuré dans la matrice fusionnelle. Ailleurs on parle de castration pour évoquer l’épreuve de chaque nouvelle étape. Pour la psychanalyse, le passage de la matrice fusionnelle à la dynamique de socialisation est une castration, une ablation. Pour Françoise Dolto, il faut même que les parents « donnent la castration » aux différentes étapes du développement de l’enfant. Nous n’irons pas jusque-là, laissant à la vie elle-même le soin d’ordonner le passage des étapes et confiant aux parents la seule tâche d’y accompagner l’enfant. Nous préférerions dire qu’il s’agit d’une « érection » pour rester dans le symbole phallique cher aux psychanalystes et faire un clin d’œil à ce moment clé de la phylogenèse qu’est l’acquisition de la position debout. Chaque nouvelle étape érige l’être humain un peu plus. Même s’il y a épreuve, ou à tout le moins contrainte et stress, ce n’est que pour un enrichissement certain.

 

Les critères de différenciation des étapes de vie

La première vraie question ne tombe qu’ensuite : ce développement est-il continu ou discontinu ? Se fait-il d’un trait ou par phases ? On pourrait ergoter indéfiniment si notre besoin de connaissance et d’opérationnalité ne nous obligeait pas à faire fonctionner la raison qui est discontinue et réductrice par essence. Il y aura donc des phases, des stades ou étapes du développement humain. Tous les auteurs qui se sont penchés sur la question, de Freud à Piaget, en passant par Wallon et Gesell, ont proposé des découpages temporels et/ou fonctionnels du développement humain, chez l’enfant en particulier.

Freud propose des stades liés aux zones érogènes : stades oral, anal, phallique et génital.

Wallon découpe ce jeune âge différemment :

  • stade d’impulsivité motrice (0-3 mois),
  • stade émotionnel (3-12 mois),
  • stade sensori-moteur et projectif (1-3 ans),
  • stade du personnalisme (3-6 ans),
  • stade de la puberté et de l’adolescence (11-16 ans).

Piaget, investissant prioritairement la dimension cognitive, caractérise les stades suivants :

  • stade sensori-moteur, divisé en six sous-stades (0-18 mois),
  • stade de préparation et de mise en place des opérations concrètes, divisé en trois sous stades (18 mois-11/12 ans),
  • stade des opérations formelles, divisé en deux sous-stades (11/12 ans à 14/16 ans). (Bideau 38)

Enfin Gesell nous propose tout simplement une succession de livres qui décrivent l’enfant à des âges bien délimités. Toutes ces propositions, tirées d’une période de la recherche déjà classique, ont eu leur utilité pour la thérapie, la pédagogie, les sciences cognitives et les parents et éducateurs. Les critères de différenciation de ces classifications sont divers, la pertinence des étapes dépend fondamentalement de la pertinence du critère de différenciation.

La somatologie nous propose un nouveau critère, ce qui justifie l’élaboration d’un modèle développemental tout aussi nouveau. Avec sa « topique des positions », elle nous invite à une observation anthropologique et à une vérification clinique qui ont abouti au modèle développemental en six étapes. Il nous reste à expliquer ce choix avant de le fonder par ses apports pour les sciences humaines, la psychothérapie et la nosologie psychiatrique.

 

Schéma 4 : Le modèle Ontogénétique

 

Le critère relationnel

Le critère de différenciation est celui du cadre de vie, des trois et seulement trois milieux distincts que sont le groupe social, le couple affectif et l’écosystème environnant. Vu du côté de la personne, cela donne la situation en groupe, en couple et en isolement (et la famille entre groupe et couple). La notion de « position de vie » ajoute à chaque cadre une fonction spécifique : respectivement la dynamique sécuritaire, la fusion affective et la créativité individuelle. Nous arrivons ainsi à des entités réelles, stables et opérantes, comme nous le montreront les études à venir. Pour le moment, il nous suffit de souligner les qualités intrinsèques de ce critère situationnel et positionnel.

Il s’agit d’abord d’un élément matériel et objectif. Le groupe, le couple et l’isolement, ça se distingue aisément. Si l’on objecte que l’on peut être en couple dans un groupe et solitaire même à deux, il suffira de définir la prévalence d’une position donnée. On peut privilégier l’univers créatif bien qu’on soit à deux. On ne voit que le couple même dans un banquet. Ici fait retour toute la complexité de l’homme, complexité qui est la chance de l’humaniste et la malchance du scientifique. Notre critère ne dépend donc pas d’une théorie a priori comme le fait le critère des zones érogènes de Freud. Il ne rend probablement pas justice à toute la richesse du fonctionnement humain, mais cette limite est le garant même de son objectivité. N’oublions pas qu’il s’agit du critère relationnel : seul, à deux, à trois et plus ; 1 à 2 à ≥ 3 et ça continue par ≥ 3 à 2 à 1.

Le critère des trois cadres et positions de vie, redupliqués en six étapes développementales, trouve une très grande pertinence dans sa capacité à se référer à des modèles scientifiques. Nous mettrons en œuvre un référent aussi prestigieux que la théorie des catastrophes. Certes notre modèle comprend une part de science « molle », tout simplement parce qu’elle est « humaine », mais il se fonde de façon « exacte » dans les mathématiques. C’est la matérialité même de notre critère qui permet cette rencontre avec les sciences dures. Notre critère de différenciation est tout autant pragmatique. Il se réfère à un lieu d’observation totalement adéquat avec les trois cadres organisationnels des nouvelles psychothérapies : en groupe, en couple et en solitaire. C’est ainsi que les trois formes de la somatanalyse, socio-, psycho- et éco-somatanalyses, constituent de véritables laboratoires expérimentaux, non seulement pour l’observation de ce qui s’y passe mais aussi pour la vérification des hypothèses.

 

Mots clés : Ecoloses, Ecopsychose, Ecopathie, Ecodélinquance, Ecophobie, Ec’obsession compulsive , Eco-(mé)lancolie