Les deux textes précédents ont annoncé les deux théories prédominentes : la Psychanalyse de Freud, (et Freud ad hominem), et l’EMI, Expérience de Mort Imminente et Initiante. Quarante années à bousculer le maître pour arriver enfin au-delà. Il a créé la psychologie des profondeurs. Dans le trou à creuser, Freud a buté sur une chape en béton et l’a appelé « inconscient » : arrêtez, y a rien au-delà ! Résignation (à 80 € les trois quarts d’heure et les dix minutes chez les lacaniens).
Eh bien si ! Y a un au-delà ! C’est quand on est sur le point de crever, en trauma ou coma, que les ressources fondamentales s’éveillent, nous guérissent, nous enlèvent la peur de la mort et nous transforment. A suivre, au-delà de l’inconscient !
Ecriture EMIque
Après la création du terme Ontopsy(chologie) (pour recentrer dans l’être, onto-et ne pas rester seulement en psy), je propose l’adjectif EMIque (à prononcer éèmique) pour désigner tout ce qui concerne l’Expérience de Mort Imminente, toute son extension qui se déploie dans ce livre. Pour commencer, nous pouvons postuler une écriture EMIque telle que celle qui introduit ce texte. L’EMI étant la descente absolue dans les profondeurs de l’être, (dans son secret, sa mystique, l’au-delà de l’inconscient et le quantique), sa description fidèle en devient particulière. Certes, le processus de l’Expérience de Mort Imminente est un processus biologique et physiologique et donc un mécanisme invariant et universel. Mais cette « forme basique » (et opérante) ne se révèle que sous des aspects particuliers, personnalisés, comme dans le rêve. C’est la raison pour laquelle on a mis si longtemps à s’entendre sur sa trame en cinq séquences.
Si mon écriture apparait donc parfois désinvolte, décousue, sens dessus-dessous et sans queue ni tête. C’est qu’elle est EMIque. Le contenu rappelle le délire paranoïde, bizarre, fantastique, allant dans tous les sens. Et quand cet écrit retrouve à nouveau les exigences scientifiques, il semble paranoïaque, maniaque et même monomane. Nous verrons plus loin que même la psychose aigüe se déroule en cinq séquences informées par l’EMI. Alors continuons avec une désinvolture assumée, une créativité débridée, animés par l’essence de l’énergie, instruits dans la nature de l’esprit et néanmoins reliés par l’intime du lien.
Mais à quoi peut bien servir la révolution EMIque ? Ça donne de l’affirmation de soi, de l’affirmation tout court, grâce à l’énergie qui s’éveille. Ça connecte à la nature même de l’esprit et à l’évidence qui sommeille en elle. Ça rend proche et donc intime, beau, bon et bien. J’essaye de l’illustrer par le mode d’écriture de ce début de livre. Et ça va même plus loin. Ça jette aussi un autre regard sur l’histoire, l’histoire de vie, mon histoire de vie en l’occurrence.
L’histoire de toute une vie se construit aussi sur le processus EMIque avec subversion et submersion
Je me suis répandu sur mon cheminement dans plusieurs livres. J’ai insisté sur les épreuves, professionnelles en particulier. Je me suis même présenté parfois en victime, oubliant que ça me permet de noircir quelques feuilles supplémentaires. Ce serait tout bénef. Mais aujourd’hui la lumière (de l’esprit) permet un tout autre regard sur mon cheminement sur lequel je vais (encore) me répandre mais, maintenant, comme illustration de la fonction EMIque. Les épreuves de vie ne sont que la subversion des structures qui se sont figées et bloquées. Pour avancer vers l’actualisation des ressources transcendantes, il faut lever ces empêcheurs de tourner … en avant. Et ces ressources, soulignons-le, c’est volupté, félicité et agapé. C’est très sérieux, sans trop se prendre au sérieux.
La subversion de l’héritage familial et l’accès à l’esprit
A mes treize ans, mon grand frère (16 ans) entrait dans l’entreprise familiale pour en prendre la succession et ma petite sœur (4 ans) assurait le bonheur des parents qui en avaient… bavé (deux exodes entre autres, en 1940 et 1944). L’aumônier de la colo où nous allions tous deux avait toutes ses chances en me vantant une vocation religieuse à laquelle j’ai adhérée en cinq minutes. En prenant mes distances avec la structure familiale, j’y trouvais enfin une place. Je trouvais surtout ma place, celle d’un futur intello qui commençait par réprimer sexo. J’ai aussi accédé à la musique (piano et orgue) jusqu’à un niveau appréciable. J’y ai connu satisfaction, apaisement, appartenance, reconnaissance et petites visions (déjà spirituelles).
La subversion des structures institutionnelles et dogmatiques et l’accès à la pensée
A vingt-deux ans, le service militaire et l’université (sociologie et ethnologie) m’ont fait découvrir le monde, plus particulièrement l’autre moitié du monde. J’écris mes hésitations à mon supérieur qui m’enjoint de ne pas réintégrer le couvent. Je me sentais renvoyé et je décris plus loin les cauchemars qui en ont résulté. Mais l’intello s’est libéré et a ajouté médecine aux sciences humaines. De là à glisser vers la psychiatrie, il suffit de suivre la voie la plus facile. Psycho-, socio- et somato- se constituent en kit. Les trois ressources s’annoncent par bribes éparses en attendant de me transcender. Mais auparavant il fallait lâcher l’institution et le dogme ainsi que les rituels. Je n’ai jamais plus pu m’inféoder ni à une école/chapelle, psychanalytique en particulier, ni à un maître. On verra longuement la référence à Freud, à la fois déférente et distante, jusqu’à ce que j’aille un peu plus loin que lui avec l’EMI. Famille, institutions, écoles professionnelles, mêmes structures à subvertir pour acquérir la liberté de pensée jusqu’au don de l’évidence.
La subversion de la structure sociale et les merveilles du corps
Mais 68 m’a cueilli à mes vingt-six ans, en deuxième année de médecine et fraichement marié. J’ai été l’un des meneurs en fac de médecine, élu délégué des étudiants, présidant la seule AG étudiants/profs et siégeant à l’instance dirigeante de la fac. J’en ai payé le prix. On a failli me faire louper l’examen clinique de fin d’études (devant jury). On a essayé de me piéger à la fin de la première année de psychiatrie. On m’a refusé le poste de chef de clinique et même d’attaché.
Mais j’étais libre. J’ai donné libre cours à ma créativité. Mon ex femme est kiné et je lui ai promis de m’intéresser au corps, ce corps que Mai 68 a libéré, magnifié. Les nouvelles thérapies psycho-corporelles ont prospéré, en particulier le rebirth, cette hyperventilation en position allongée et immobile qui déséquilibre les constantes sanguines. Il s‘agit d’un véritable traumatisme bio-physiologique qui équivaut en plus cool aux traumas générateurs des EMI avec coma. C’est la raison pour laquelle la modification que j’ai apportée au rebirth pour en faire la pneumoanalyse (analyse par le souffle) est devenue le laboratoire expérimental et expérientiel de l’EMI. J’ai installé très vite un centre de thérapie de groupe, avec un sauna et, pour mes anciens patrons, il est devenu un baisodrome. Non, chers maîtres, c’est un émotiodrome et actuellement l’EMIdrome, le centre de recherche de ce processus.
Je pourrais en rajouter. L’expulsion du Sénégal alors que j’étais major du concours d’internat de Dakar. Le refus par l’ARS (Agence Régionale de Santé d’Alsace) de mon dossier pour l’enseignement de la psychopathologie des médecins et psychologues. Motif : risque de « dérives graves ».
Non. Ce n’est pas la litanie des épreuves qui importe. Le processus EMIque nous révèle que toute acquisition d’un nouvel état d’être passe par la subversion d’une structure bloquée (en bloc). J’ai rapidement évoqué la subversion des structures sociales (famille, institution, église, école, administration). Les textes à venir décriront les subversions intrapersonnelles par l’hyperventilation, la catharsis émotionnelle et le contact intime. Il n’est pas nécessaire de s’exposer au coup de massue sur la tête ou au coma par infarctus du myocarde. Mais les ressources transcendantes ne s’actualisent qu’après avoir lâché quelque chose. Appellera-t-on cela épreuves revigorantes avec les moralistes ou « destruction créatrice » avec les économistes (Schumpeter) ? Essayons pour le moment : subversion EMIque. Cette nouvelle notion vient aussi éclairer mes déclarations précédentes niant toute volonté délibérée de provoquer. Ça se fait à l’insu de mon plein gré. Mais ce n’est pas ma faute. C’est l’EMI qui ! Nous verrons plus loin que les étapes du développement ontogénétique passent également par deux séquences : une catastrophe qui prélude à un état de stabilité structurale (selon René Thom).
L’expérience de Mort Initiante
C’est ici que nous comprenons mieux l’étrange dénomination d’Expérience de Mort Initiante/Initiatrice qui conserve le terme de Mort. L’étape de subversion des structures peut atteindre une intensité évoquant effectivement la mort. Cela nous évoque aussi la « petite mort » qui symbolise la déstructuration causée par l’orgasme. Nous verrons la théorie des catastrophes du mathématicien René Thom qui voulait mettre en équation les changements de régime climatique entre deux périodes (structurellement) stables. Comment passe-t-on de trois semaines de beau temps aux journées d’orage et vice versa ? Pour rester dans la métaphore climatique, on peut se considérer soi-même comme un système météorologique. Beau temps qui cherche à se perpétuer et qui vit des petites morts à chaque changement de régime !
Voilà suffisamment d’exhibition personnelle (petite mort ?) Vous avez quand même compris que ces éléments autobiographiques ne répondent pas seulement à la question d’antan (d’où parle-t-il ?) mais constituent aussi un moyen de vous subvertir, vous. Vous vous y reconnaissez (en partie du moins) et vous lâchez prise (en choc) ou ça vous gonfle et votre corps se met en stress. Dans les deux cas, c’est tout bon. Sinon c’est la réaction de bloc, troisième mode, vous vous rappelez !
Sérieux, sans se prendre au sérieux
Ce troisième tome qui clôture la réédition du Manifeste de la Psychothérapie Intégrative crée la psychanalyse pléni-intégrative ® en réunissant psycho-, somato- et socio-analyses. Cet ensemble qui est plus que l’addition des parties révèle son invariant, le logiciel analytique, et son code source inconscient, l’EMI (Expérience de Mort Imminente). Cette dernière est l’aboutissement de l’analyse et en même temps son origine. Nous entrons dans une causalité circulaire qui est celle-là même de la vie. Ainsi se relance l’intérêt de la psychanalyse, ici en France.
Présentation du livre
Nous livrons une belle histoire pour ne pas dire un conte de fée. Quarante années de recherche, d’expérience et d’audace ont relancé la psychothérapie et la psychanalyse, doublant le niveau de profondeur, du rêve jusqu’à l’EMI et de la psychanalyse formatée jusqu’à la psychanalyse pléni-intégrative. Ce livre retrace ce déroulement, le plus sérieusement du monde. Deux tomes constituent ce texte. Le premier développe les psychanalyses, somatoanalyses et socioanalyses pour intégrer ces trois branches en une psychanalyse pléni-intégrative. Le deuxième tome se laisse aller à l’évidence qui jaillit comme invariant et facteur commun, son code source inconscient, l’Expérience de Mort Imminente (EMI) qui n’est que la manifestation consciente du Processus Organisateur de l’Humain (POH) totalement inconscient.
- Première partie : la psychanalyse, de Freud à Lacan, en passant par Ferenczi et Jung
La psychanalyse reste la reine de la psychothérapie, celle qui creuse en profondeur et produit des connaissances méta-, au-delà. Même si les cures longues se pratiquent moins, les psychanalyses brèves et de durée moyenne tiennent la route. Freud traitait en quatre à six mois. C’est l’élargissement à des indications nouvelles, comme les personnalités archaïques (schizoïde, narcissique, paranoïaque) et surtout les psychoses, qui a allongé les cures.
Freud a donné au rêve un statut scientifique, au risque du transfert et des états de conscience modifiés. Il a vulgarisé l’aspect inconscient des processus psychiques, débouchant ainsi sur la complexité de l’être. Après le transfert affectif jusqu’à l’amour/haine, il s’appesantit sur le relationnel avec le complexe d’Œdipe (que nous élargissons au « défi œdipien : je veux aimer, je dois tuer »). A son actif encore, l’insistance sur la sexualité, sur la petite enfance et les étapes du développement. Mais les neurosciences ont déboulonné plusieurs de ces postulats. Le rêve ne se construit pas sur une pensée latente. L’inconscient n’est pas le refoulement des pulsions œdipiennes. Et ces dernières ne sont pas universelles.
Aussi commençons-nous par l’interrogation cruciale : comment peut-on enseigner Freud encore ? Puis nous continuons avec la démarche freudienne, exemplaire et courageuse, dans laquelle nous osons nous reconnaitre. Nous mettons en avant le « logiciel analytique » qui fait l’unité de toutes les familles d’analyses, y compris des somatoanalyses et des socioanalyses. Nous insistons sur deux algorithmes, celui des trois positions de vie (en groupe, duo et solo) et celui de l’ontogenèse avec ses six étapes du développement. Nous proposons une nouvelle lecture de l’œuvre théorique de Freud, métapsychologique, en mettant en évidence six grands thèmes qui correspondent aux acquis de chacune de ces étapes. Avec ces six thèmes, Freud aura balayé l’essentiel du fonctionnement humain.
Mais c’est l’outil du rêve qui fait l’essentiel de cette première partie. Le rêve a-t-il une fonction ? En tout cas, on l’utilise en thérapie et en analyse. Nous montrons qu’il se construit sur la trame de l’EMI avec deux rêves de Freud et de Jung eux-mêmes. A partir de cet argument, ajoutée à bien d’autres, nous reconnaissons à la psychanalyse, devenue ici « intégrative », le mérite d’être une voie royale vers l’EMI. Nous saluons aussi son rôle d’inspiratrice de la somatoanalyse qui le lui rend bien en la rendant intégrative et novatrice.
- Deuxième partie : la somatoanalyse en ses trois settings
L’histoire devient belle avec la création de la somatoanalyse. Le conte de fée s’enrichit. Au prix d’une nouvelle mise à distance par les thérapeutes psychocorporels, humanistes et transpersonnels, que j’avais rejoint après le rejet par la psychiatrie officielle. Ça a duré son temps et la spécialiste française du rebirth me lança rageusement : « Ces mecs quand même, dès qu’ils font du neuf, faut qu’ils le baptisent ». Cette nouveauté, la somatoanalyse (avec ou sans o), n’était pourtant ni un caprice ni la volonté délibérée de rejoindre le mainstream psychanalytique. Je décris cette création. Mes deux formations au New Identity Process de Casriel et à la psychothérapie analytique de groupe se sont associées le jour où mes patients ne voulaient /pouvaient plus se laisser diriger : « Eh bien, alors prenez la responsabilité de votre action/non action ». Je me suis rallié au logiciel analytique qui a fonctionné comme un puissant attracteur tout en intégrant le cri et le bonding comme puissants moyens de communication. L’émotion intense en jaillit et retrouve la catharsis de Breuer et Freud. Cette première forme, en groupe, a été appelée plus tard socio-somatanalyse ou socio- tout court.
Puis je présente longuement la psycho-somatanalyse, la forme duelle avec communication verbale, tactile et visuelle. J’y décris deux cas cliniques, une personnalité schizotypique et un syndrome post-traumatique complètement dissocié après dix années d’inceste quotidien. Cette rencontre globale, psycho-, socio- et somato-, suscite des régressions bénignes et parfois profondes comme les décrit Balint, disciple de Ferenczi.
Ferenczi, nous l’abordons longuement à travers la présentation du livre d’un de mes élèves. Lorsque Freud a théorisé la pulsion de mort pour se dédouaner des patients qui ne voulaient pas guérir, Ferenczi a reconnu qu’il n’utilisait pas les bons moyens. Aussi a-t-il créé trois techniques nouvelles : la thérapie active, la néo-catharsis et l’analyse mutuelle. Après avoir créé moi aussi mes trois somatanalyses, socio-, psycho- et Présence Juste, j’ai retrouvé Ferenczi et remarqué que c’est de lui que je suis le plus proche :
- la socio- est la méthode active,
- la psycho- se centre sur le tactile comme la néo-catharsis,
- l’auto-somatanalyse (Présence Juste) prépare le thérapeute à l’analyse mutuelle.
Cette reconnaissance en Ferenczi apporte une validation supplémentaire de la somatoanalyse d’autant plus que là où Ferenczi (bridé par Freud) n’avait pas la capacité de gérer les émotions fortes, les contacts intimes et sa propre ouverture au patient, nous avons, cent ans plus tard, toutes les techniques, les protocoles et l’accompagnement scientifique pour le faire.
Grâce à la sécurité apportée par le cadre analytique, la création a continué avec deux autres innovations décisives : la Pneumanalyse et la Méditation Pleine Présence. Dans le cadre de la psychanalyse pléni-intégrative, elles ont permis d’accéder directement au processus EMIque. Nous le verrons longuement dans le dernier chapitre de cette deuxième partie.
Un autre chapitre décrit la sexo-somatanalyse à la fois groupale et individuelle. En effet, la maîtrise du cadre analytique et des outils psycho-corporels nous promeut à ces soins sexologiques sous-jacents à la majorité des psychopathologies. L’autre maîtrise, celle du systémisme (famille et couple sont des systèmes relationnels comme le sont les groupes) nous qualifie pour les conjugothérapies/analyses.
Un long chapitre décrit l’accès au processus EMIque par la Pneumanalyse, la Méditation Pleine Présence et la Psychose aigüe. Ce chapitre, complété par mon expérience personnelle du rebirth (et du caisson d’isolation sensorielle dans le tome II) nous donne toutes les garanties d’un abord méthodologique et phénoménologique de cette Expérience de Mort Imminente qui révolutionne notre science psychologique et notre profession psychothérapique.